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Onze salariés abandonnés par leur direction

JEAN-LUC LOURY publié le 28/10/15 OUEST FRANCE

A Ouistreham (Calvados), ces salariés n’ont plus de nouvelles de leur direction, ni du groupe belge qui les emploie, depuis le 9 octobre.

A demain ! Les onze salariés de l’entreprise Gastronomie des Fjords à Ouistreham (Calvados) ne pensaient pas que la nuit serait aussi longue… C’était le 8 octobre dernier, le directeur belge quittait le site. Il n’est plus réapparu depuis. Et le groupe Setraco auquel ils appartiennent est tout aussi absent. Mail, téléphone, les salariés restent sans réponse, sans ordre de production et sans avenir.

Spécialisée dans la fabrication de produits frais ou surgelés à base de produits de la mer, Fjord a été créé il y a une vingtaine d’années avant d’être rachetée en 2005 par le groupe belge Setraco. « Ce groupe achète du poisson aux quatre coins de la planète. Nous, on les transforme ici en terrine, ballotin ou brochettes et les produits sont revendus en Belgique, Allemagne et Pays-Bas », décrit Paul Messaoudi, 13 ans de boîte. Le carnet de commandes est plein jusqu’en mars prochain.

Deux jours de grève

« En février dernier, le groupe a fait part de sa volonté de se séparer du site de Ouistreham. Ils voulaient tout rapatrier en Belgique. Puis ils ont dit qu’ils allaient trouver un repreneur. » Face à l’incertitude, les onze salariés se mettent en grève le 6 octobre. Deux jours de grève et le silence. Jusqu’à mercredi dernier. « On a tous reçu notre convocation à un entretien préalable de licenciement. Il devait avoir lieu ce mercredi 28 octobre », poursuit Paul Messaoudi. Nouvelle déception, personne n’est là pour faire l’entretien. Le groupe reste aux abonnés absents. « On espérait quand même si on n’y croyait pas vraiment… »

Joint par téléphone hier soir, le directeur du site justifie ce silence.

« Les salariés ne veulent plus travailler. A quoi ça sert d’aller là-bas ? »

Pour le reste, il renvoie à la direction du groupe que nous n’avons pu joindre.

Alors, comme ils le font depuis dix-neuf jours, les onze salariés viennent pointer chaque matin, sont présents sur le site entre 6 h et 15 h, leurs horaires habituels et ne font… rien. Ou presque. Maintenance des machines, surveillance du site, « des fois qu’ils auraient l’idée de venir chercher les lignes de production. » Comme les autres, Annette, 47 ans, 20 ans de maison, s’interroge. « On ne sait pas si on va avoir nos salaires. Je suis seule avec deux enfants. J’ai rendez-vous avec la banque car le loyer, il va quand même falloir le payer. » Leur premier souhait est de continuer à travailler sur le site, ou au-moins d’avancer sur les formalités et toucher ce à quoi ils ont droit. Tous solidaires, ils se soutiennent. « Il y en a toujours un pour relever le moral aux autres. On se raconte aussi des histoires drôles. Pour rigoler, quand même. » Même si cette histoire belge aurait tendance à les faire pleurer.

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